Grande victoire

Vous savez déjà que sieur Curtero a de gros soucis de crainte de l’humain. Il ne doit pas en avoir que de bons souvenirs, le pauvre. Il n’a pas une once de méchanceté mais est très méfiant. Depuis un peu plus d’un mois qu’il est mon dadou, il a appris pleins de choses et nous travaillons énormément le « rapprochement des espèces ».
J’essaie de gagner sa confiance et nous sommes sur la bonne voie. Il a fallu lui mettre un licol sans qu’il ne tremble, la caresse le mettait en transe.

Je l’ai même obligé à manger une carotte prise dans ma main, j’ai mis 3 jours avant d’arriver à lui mettre la carotte en bouche, contraint et forcé. Maintenant, il la prend seul mais reste méfiant.
Aujourd’hui était un grand jour.

Depuis quelques jours, mon chanteur d’opéra, qui m’appelle quand j’arrive dans le couloir des boxes, reste la tête hors du box en attendant que j’arrive.

Déjà quand je suis entrée dans son box, il ne s’est pas planqué dans le fond, il est resté paisiblement au milieu de l’espace. Il a mis son nez dans le licol alors que je n’y arrivais qu’avec douceur et… persuasion.

En prairie, nous n’avons aucun problème pour le reprendre, mais il faut aller le chercher et en douceur en respectant le rituel mis en place. D’abord, se présenter à son épaule, surtout ne pas regarder sa tête, petite caresse du bout des doigts sur son épaule et vers le garrot, toujours sans le regarder, passer le bout du licol autour de son encolure avant d’aller doucement vers le bout du nez et lui glisser le licol en essayant de ne pas trop le brusquer.

Dans la pairie de nos dadous, il y a une haute butte de terre et une rivière. Jusqu’à présent, les chéris n’étaient pas montés sur la butte. Aujourd’hui, le noiraud avait décidé de partir en exploration. Pas eu l’occasion de faire des photos, je mettais Hendrik en prairie. Je les aie donc regardé légèrement inquiète, le bord de la rivière étant tout proche.

Je continue donc mes petites affaires, les boxes, les sacs à foin, la visite à Hakkam et Picasso. Chaque fois que je passe, je jette un petit coup d’œil pour voir si tout se passe bien. Tout est en ordre, je vais repartir pour la maison. Loudji est sage, il broute, Hendrik n’est pas bloqué à la porte mais…. je ne vois plus Curtero.

Je traverse donc la carrière vers la prairie de mes dadous. Curtero est caché de l’autre côté de la butte. Je m’accoude à la barrière et je lui parle, il relève la tête.

Et,…. je suis trop contente, il vient vers moi. Il touche la barrière, je tends légèrement les doigts vers lui… ça, on n’y est pas encore, il a son regard méfiant. Pas de problème, chaque chose en son temps, mais il est resté 5 minutes tout près de moi sans bouger, juste à me tenir compagnie.